TikTok banni aux USA : une leçon de souveraineté pour l’Afrique
Quand TikTok a été interdit aux États-Unis, beaucoup ont vu cela comme un simple affrontement entre deux géants économiques. Mais cette décision va bien au-delà des querelles entre nations. Elle met en lumière des enjeux de souveraineté numérique, de contrôle des données, et d’indépendance technologique. Des enjeux qui devraient nous interpeller, nous, Africains, dans notre quête de développement et de positionnement stratégique.
Les États-Unis ont banni TikTok pour plusieurs raisons. D’abord, la sécurité nationale : la crainte que les données des utilisateurs américains soient exploitées par le gouvernement chinois via ByteDance, l’entreprise mère de TikTok. Ensuite, le contrôle de l’information : l’application aurait été accusée de propager de la désinformation et d’influencer les opinions publiques. Enfin, il y a aussi la souveraineté économique : pourquoi une entreprise étrangère aurait-elle accès à des ressources aussi stratégiques que les données d’une nation entière, alors qu’elle concurrence directement les géants locaux comme Meta et Google ?
Ces raisons sont un signal d’alarme pour l’Afrique. Aujourd’hui, nos solutions numériques dépendent en grande partie de plateformes étrangères. Facebook pour communiquer, Google pour rechercher, Amazon pour vendre. Mais que se passe-t-il si ces plateformes décident soudainement de quitter notre marché ou d’en augmenter les coûts ? Que ferons-nous si nos données sensibles sont utilisées à des fins qui ne servent pas nos intérêts ? L’exemple de TikTok nous montre que la souveraineté numérique n’est pas un luxe, c’est une nécessité.
Imagine un instant que l’Afrique investisse massivement dans des infrastructures locales. Que des entrepreneurs créent des plateformes pensées pour les réalités africaines, comme cela a été le cas avec M-Pesa au Kenya ou Flutterwave au Nigeria. Imagine qu’au lieu d’exporter nos talents technologiques vers l’Occident, nous leur donnions les moyens de construire ici des solutions pour demain.
L’Afrique a besoin de contrôler ses données, de former ses talents, et de développer des alternatives. Cela ne veut pas dire rejeter les solutions étrangères, mais s’assurer qu’elles ne deviennent pas notre seule option. Nous devons apprendre à créer pour nous-mêmes, à réguler nos écosystèmes et, surtout, à penser global dès le départ.
TikTok a montré que même une application mondiale peut être vulnérable face à une nation souveraine. Pourquoi ne pas tirer parti de cette leçon pour bâtir des solutions résilientes, pensées par nous, pour nous, et capables de rayonner au-delà de nos frontières ?
Georges DEFO